DISSERTE DE PHILO

 

Devoir 6 de philosophie : Explication du texte intitulé « le rire » de Bergson

 

 

I] Introduction :

           

Le problème du texte débute avec la phrase : « Nous ne voyons pas les mêmes choses » Il évoque le problème d’interprétation des choses par le biais du langage. Que voyons nous réellement ? Voyons nous les choses ou les étiquettes que l’on colle sur elles ? La problématique du texte nous dévoile les difficultés que nous impose en quelque sorte le langage. Le texte se demande quelles seront les conséquences des « méfaits » du langage ? Quelle est la cause de l’usage du langage, des étiquettes ? Certaines informations font naître en nous d’autres interrogations. Le mot est-il un besoin ? N’a-t-il pas comme rôle de simplifier, de résumer et coder un ensemble de choses et non d’expliquer tout ce que l’on ressent ? Le vocabulaire est trop restreint pour décrire tout ce qui est perçu par les sens. A la fin du texte, Bergson nous dit que nous nous mouvons parmi des symboles et des généralités. Est-il possible si ce n’est pas par la parole de dépasser le langage et donc de regagner son individualité ? Bergson décrit la situation dans laquelle sont beaucoup d’hommes, mais nous pouvons dépasser la langue et ainsi espérer être plus objectif sur ce qui nous est propre et aussi sur les objets extérieurs. Telle est en fait l’ambition des scientifiques qui prétendent pouvoir se passer du besoin d’user du langage.

I] La conception du texte

 

Pour comprendre la conception que livre Bergson dans ce texte, il faut comprendre les problèmes majeurs de celui-ci. Le problème est celui de l’interprétation, comment voyons nous les choses ? Quelle place prend le langage chez l’être humain ? Est-il possible de percevoir les sentiments tels qu’ils sont vraiment ? Notre pensée de tous les jours est-elle à la merci de notre langue, de ses symboles, des généralités ? Il y a d’autres questions mais l’analyse du texte nous permettra de voir plus amplement le problème énoncé par Bergson. La problématique commence avec la première hypothèse : « Nous ne voyons pas les mêmes choses. »

On se borgne à lire les mots que l’on colle aux choses. Le mot semble être déjà un obstacle important entre nous et la chose. Utiliser le mot pour chaque chose est pour Bergson un réel besoin, mais l’auteur ne parle pas au début des mots mais justement des étiquettes. Les mots sont des étiquettes, les étiquettes de chaque chose. Bergson définit l’univers de l’être humain qu’il ne partage avec aucune autre espèce, celui des étiquettes. Nous verrons que cette idée va se développer progressivement. C’est l’homme peu après sa naissance qui définit les propriétés du langage. Pour Bergson, les mots représentent ou désignent des genres. L’auteur nous montre les effets que cause le mot sur la chose qu’il représente. Cette phrase est très claire à ce sujet :

« Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s’insinue entre elle et nous. » Comme nous lisons le plus souvent le mot, nous ne voyons de la chose sa fonctions principale, et son aspect le plus banal. Bergson découvre quelque chose de nouveau qui est un pilier de sa conception. Le mot selon lui, s’introduit, s’insinue de manière implicite entre nous et la chose, de telle façon que nous n’en avons pas conscience. Le langage a donc un autre rôle que la communication, il prend une dimension importante car il prend place entre nous et la chose et modifie ainsi notre manière de percevoir. Il masque les fonctions mineures d’une chose.

Sommes-nous prisonniers de notre propre langue que nous parlons ? Suivant la langue, le mot ne notera la même fonction pour telle ou telle chose, je ne verrai pas la même chose suivant ma langue. Ceci explique l’hypothèse de Bergson, nous ne voyons pas les mêmes choses, suivant la langue, suivant la compréhension que l’on a des mots. Cette pensée se confirme par la suite. Bergson découvre que même ce qui nous est propre comme notre état d’âme nous échappe. Pour comprendre les convictions et donc la conception de l’auteur nous sommes amenés à nous interroger sur la connaissance de nos états d’âmes. Quand nous nous sentons heureux ou bien triste, est ce notre sentiment lui-même ? Bergson insiste ! Malgré le fait que les sentiments sont les choses qui nous sont les plus propres et personnelles, ils nous échappent. En fait le langage simplifie en interprétant à sa manière. Les milles sensations, nuances et résonances qui arrivent à notre conscience forment quelque chose qui nous est vraiment propre. C’est là que Bergson nous délivre une autre partie de sa conception celle du fruit d’un long processus de réflexion.

 

 Selon l’auteur, nous voyons souvent de nos sentiments leur déploiement extérieur. Bergson s’intéresse à une partie de la nature de l’homme, comment voit-il les choses ? Que voit-il ? L’homme n’est-il pas un romancier, un poète, un musicien ? Le romancier, tout comme le poète et le musicien se contente très approximativement de décrire ce qu’il ressent. Peut-on dire qu’un romancier est capable par le biais des mots de décrire les milles sensations qui nous sont propres ? Cette pensée traduit celle de l’auteur, nous interprétons les choses de la même manière que le romancier, Notre vie se déroule à nous comme un roman se dévoile progressivement au lecteur. L’homme est donc comme le romancier, il voit le monde comme une grande histoire, par besoin celui-ci ne voit qu’une partie des choses et de lui-même, celle que le langage note d’important. Bergson continue de développer cette idée importante et nouvelle. Nous apercevons de notre propre état que son déploiement extérieur. « Nous saisissons des sentiment que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes » L’homme est comme le romancier, il cherche ses mots pour décrire ce qu’il ressent, le mot ne note que l’aspect impersonnel du sentiment. Cela est valable pour tous les hommes, car toutes les langues sont à peu près dans les mêmes conditions. Les deux dernières phrases résument sa conception : « Ainsi, jusque dans notre propre individu, l’individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles. » Telle est la difficulté du texte, découvrir comment fonctionne l’homme pour traduire ce qu’il perçoit. Comment l’homme peut-il espérer alors être objectif ? Peut-il donc dépasser le langage ? Pourquoi sommes nous aveuglés par ces étiquettes ?

 

L idée générale du texte

 

Aie je conscience de l action du langage sur ma conscience ? l’auteur répond à cette question en disant que le mot s’insinue entre nous et la chose. Le langage prend une dimension importante pour l’interprétation. Bergson nous fait comprendre que nous en avons besoin. De manière naturelle, nous connaissons donc les choses que par leur fonction qui leur est commune ou par leur aspect le plus banal. Le langage nous permet aucunement de connaître parfaitement les choses. L’expression : « nous nous mouvons parmi les généralités » exprime que le langage a bien des limites et qu’il ne note pas les choses ce qu elles sont elleS-mêmes.  Le langage a comme défaut, si l on peut dire, d’être humain. Bergson parle des symboles. Si l’homme a besoin de lire « les étiquettes »,

Nécessairement il est contraint de ne pas cerner l’essence de ce qui l’entoure. Un symbole est quelque chose qui évoque bien un ensemble, un groupe de choses. Jésus est le symbole du christianisme, Dieu symbolise la perfection. En effet, le mot donne comme les symboles une image vague de ce que peut être la  chose. L’idée relativement importante de Bergson admet le principe suivant : beaucoup d’hommes ne vivent pas directement dans le monde physique mais dans celui du langage, dans ce dernier les choses sont simplifiées et schématisées. Le problème du texte est de comprendre quelles sont les relations de l’homme avec les choses qui l’entourent. Bergson a raison lorsqu’il dit que nous nous mouvons parmi des généralités et que nous perdons notre individualité. L’homme a développé la capacité de parler pour communiquer, donc pour être compris de tous. Ainsi le langage implique que l’on partage les mêmes généralités. Suivant les personnes que l’on connaît, on éprouve d’elles soit la haine, soit l’amour. L’amour et la haine sont deux sentiments que l’on attribue à tous mais est-ce les sentiments eux-mêmes que nous ressentons ? De cette manière, je ne me vois pas comme un être unique mais comme un symbole. Si j’étais capable de connaître la nature et l’essence de mes sentiments, je n’aurais pas la même vision de moi-même. En effet, derrière le mot « amour », se cache des milliers de sensations qui en sont la cause, mais le langage me permet pas de garder mon caractère unique qu’elles m’offrent. Ainsi, les hommes s’attribuent à tous un sentiment commun qui n’est peut-être ressenti chez aucun. Pour la haine c’est identique, nous ne connaissons jamais vraiment la cause de ce sentiment.

On ne sait si c’est la peur, le désir de vengeance etc.… L’amour et la haine sont des généralités qui permettent à chaque homme de connaître un peu la pensée de l’autre.

 

La psychanalyse tente de dépasser le langage, tout du moins, tente de mieux connaître ce que ressent le patient. Elle ne se contente pas d’une description que peut lui faire le patient mais pratique ce que l’on appelle « l’archéologie de l’âme », en analysant l’histoire du patient dans tous ses détails. On ne se contente pas de la description parfois maladroite du patient mais on essaie de comprendre son fonctionnement, de part son comportement, ses rêves ou ce qu’il a pu dire. La psychanalyse permet de connaître la partie rationnelle de l’homme et surtout son fonctionnement, ce qu’il peut ressentir à certains moments.

Bergson donne des limites au langage. Je pense que ce dernier rapproche l’homme vers la société. Comment l’homme évoluerait t il s’il ne possédait pas le langage ? Nous avons expliqué que les mots étaient des symboles. Ces symboles que l’on apprend à tous les enfants sont aussi les symboles de la société. Je peux citer le mot « mariage » qui est un très grand symbole. Il désigne l’union de deux êtres de sexe opposé. Il est symbolique car il est, aux yeux de tout en chacun, le passage normal, voire obligatoire de tous. Comme les hommes d’un peuple partagent ce mot qu’est le «  mariage », ils ont une conception différente de la vie. Cela mérite une petite explication : lorsque l’on aperçoit des amoureux qui ont chacun trente neuf ans, on se dit qu’ils sont mariés ou qu’ils sont en passe de le faire. Je dirais quasiment que l’un des mots que note le plus le langage en regard de ce couple est « mariage ». Je pense que si nous en étions dépourvu, les hommes ne vivraient pas en société. Chacun aurait sa raison propre d’être uni. Nous pouvons alors penser que c’est le langage qui entretient les rapports entre l’individu et la société. La psychanalyse montre contrairement à ce que l’on pensait que l’individu est sans cesse en querelle avec la société.

Le bébé dépourvu du langage se laisse aller à toutes ses sensations. Lui ne perd pas son individualité car il n’interprète pas ce qu’il ressent par les mots (il voit peut-être les choses plus objectivement que nous, voilà pourquoi il s’en étonne … ). Ensuite, petit à petit, l’enfant apprend à parler et part la même occasion à se sociabiliser. Les mots le rapprochent du contexte qu’on lui impose, des généralités et des symboles établis par la société.

Cependant, le langage a ses limites et ne peut pas tout expliquer. Je pense que les sensations que l’enfant ne peut expliquer ni par le langage ni avec la société, sont refoulées. Ce processus est je pense valable jusqu’à la mort, c'est-à-dire que l’individu est toute sa vie confronté au langage et à la société.

 

Le langage prend alors une dimension importante. Bergson nous dit que l’usage presque permanent du langage est un besoin. Cela insinue que vivre en société en est un aussi. Nous savons que la langue est plus l’outil de la société que de l’individu. Il est alors l’objet de sa langue et de sa société. Ce ne sont pas que des outils mais des éléments fondamentaux. La société, à travers la langue, donne à chacun des hommes qui la composent, une manière de voir les choses, de les interpréter, mais aussi une manière de comprendre ses propres états d’âme. La société n’est donc pas la « maison physique » de l’homme, elle est aussi culturelle, intellectuelle et sensorielle. Je précise « sensorielle » car chacun d’entre nous ressent toutes choses en subissant «  les méfaits du langage ». Je pense que la vie en société est idéale. Elle est une vie à côté de l’objectivité composée de généralités, de symboles mais parfois de chimères. Cette vie ne suffit pas aux scientifiques et aux philosophes car ils ne peuvent se résoudre à être prisonnier de la langue qu’ils parlent. Le problème du texte était que nous ne voyions pas les mêmes choses. On ne peut se résoudre à avoir autant d’interprétations du monde qu’il n’y a de langues ou de sociétés.

 

Voici les différents thèmes et problèmes exposés par Bergson. L’homme redevient un sujet énigmatique, la conception de l’auteur apporte certes, des idées nouvelles mais surtout un grand problème philosophique. L’auteur nous dit que le mot s’insinue entre nous et la chose. Que voyons nous réellement ? Il faut bien distinguer ce que veut dire « voir » et « lire ». L’homme lit les étiquettes et en fonction de celles-ci, voit une partie de la chose. L’homme ne la « voit » pas directement. Il distingue la définition qui lui a été attribuée. C’est un véritable problème d’interprétation. Quelles seront les conclusions et donc, ma vision des choses ?

Ma langue m’impose une méthode d’interprétation. Je ne vois des choses uniquement leur aspect le plus banal et leur fonction la plus connue. Mon état d’âme est lui aussi dérobé. L’homme n’est t il pas un romancier ? Il est un être social qui vit parmi les mêmes généralités, les mêmes symboles. Le problème que soulève l’auteur est important. Les hommes perdent leur individualité, leurs dispositions élémentaires et naturelles. Je pense à la capacité d’interpréter. C’est le fruit des généralités grossières admises par «  la société ».  Elle impose en quelque sorte sa conception des choses à ses membres et aussi à tous ceux qui pratiquent une langue. C’est un problème qui peut être surmonté par certaines personnes. Malgré le poids et le rôle essentiel du langage, on peut le dépasser.

Voilà pour l’idée générale du texte qui élève un problème, celui des hommes. Pour pouvoir le surmonter, il faut en avoir conscience, connaître et appliquer une méthode. Nous verrons cela dans la conclusion.

 

 

Conclusion générale :

 

Le texte est l’addition de trois parties : deux propositions complémentaires et  une conclusion. Il semble utiliser la méthode déductive. Ces propositions et affirmations ouvrent la voie vers un problème essentiel : celui de l’interprétation des choses. On découvre la langue comme un outil important et fondamental. Elle éloigne l’homme de la réalité mais le rapproche de celle établie par la société et c’est là que naît le problème. Si les choses se dérobent à nous, notre état d’âme suit le même chemin. Sans que nous n’ayons réellement conscience, nous perdons notre individualité et l’objectivité.

Recentrons le problème : l’usage du langage a pour cause le besoin. Ce n’est donc pas une fatalité. Bergson n’établit pas quelque chose qui s’avère éternel et vrai pour tous, mais il constate dans quelle situation sont beaucoup d’hommes. Nous savons que certaines sciences ont la capacité de dépasser le langage. Nous avons vu que la psychanalyse ne l’utilise pas, qu’elle analyse les rêves et parvient à retrouver en quelque sorte, le côté individuel de chaque patient. Ce peut être aussi la science qui utilise plusieurs méthodes, par exemple le syllogisme qui est un raisonnement particulier ( hypothèse, preuve, conclusion ).

Les preuves sont très souvent des théorèmes, des équations qui veulent dire la même chose dans toutes les langues et qui sont irréfutables. Cela est vrai pour la physique et les mathématiques. Les physiciens ne se contentent pas d’observer et de conclure, mais justement de rectifier à l’infini les différentes erreurs qui apparaissent. Ils sont confrontés aux erreurs que cause le langage. Le dialogue permet de corriger les erreurs, les mauvaises idées. Ce qui est certain, c’est que l’homme est capable de se confronter aux problèmes évoqués par Bergson. L’homme peut donc se libérer « de sa maison », celle des symboles et des généralités. De cette manière, il regagnera son individualité et la connaissance parfaite des choses. Tel est le problème de l’humanité toute entière : pouvoir dépasser la langue afin d’obtenir l’objectivité. L’homme ne doit plus être dépendant de cet outil qu’est le langage pour interpréter mais un simple code pour communiquer.